samedi 23 mars 2013

Reader Digeste

 
 

 
 
Du plus loin qu'il m'en souvienne j'ai toujours aimé - avec l'heure de la cantine - cet instant où l'instituteur nous disait “Ouvrez vos livres...” car c'était pour moi ce même moment magique que celui où le rideau du théâtre s'entr'ouvre au troisième coup de brigadier. Alors commençait le rêve, une irrésistible quête de nourriture spirituelle...
 
Ainsi j'ai dévoré Le Petit Prince, j'ai tout LU de cet enfant qui aimait les fleurs, les moutons et surtout les biscuits avec beaucoup de pépites de chocolat pur beurre de cacao.
J'ai longtemps cru que Saint Exupéry était le proviseur du lycée de Marseille avant d'apprendre que son livre était le plus vendu dans le monde après la Bible qui elle aussi nourrit son homme!
 
Puis sur les pas d'Anna Karenine, j'ai appris qu'à Saint-Petersbourg beaucoup de gens avaient des noms en ski à cause du climat.
Un roman aux senteurs de vodka accompagnant des blinis chargés de bélouga noir... c'est pas du caviar, ça?
 
J'ai aussi découvert que l'Assommoir était le 7ème volume des Rougon-Macquart ou quelque chose dans ces eaux-là.
Ah que j'aurais aimé être là quand l’oie fut sur la table, énorme, dorée, ruisselante de jus... On se la montrait avec des clignements d’yeux et des hochements de menton. Sacré mâtin ! quelle dame ! quelles cuisses et quel ventre ! Je sais, c'est de la gourmandise mais j'en ai repris des chapitres!
 
Dans La gloire de mon père, j'ai appris que la bartavelle se cuisinait comme le lièvre à la royale sauf qu'on prend une perdrix.
Permettez-moi un conseil du grand gastronome et critique culinaire Curnonsky - qui avec un tel nom vécut peut-être à Saint-Petersbourg - qui disait ceci : Evitez la cuisse gauche de la perdrix, car c'est sur celle-ci qu'elle se tient perchée, ce qui gâte sa circulation sanguine et rend la chair dure.
Pour ceux qui auraient l'intention de cuisiner un dahu droitier, évitez de manger les pattes droites pour la même raison!
 
Pourquoi diable toutes ces lectures me ramenaient-elles toujours au plaisir du ventre et de la table? Je n'en sais rien mais c'est ainsi.
 
D'ailleurs je me souviens m'être délecté du Cidre de Corneille autant que j'ai détesté la nausée de Sartre... comme quoi on n'est jamais trop prudent en choisissant ses oeuvres et ses hors-d'oeuvre.
 
Quiconque a lu le Cidre ne peut pas oublier ça:
La saveur n'attend point le nombre des navets
ou encore:
Rodrigue, qui l'eût cru? Chimène, qui l'eût cuit?
et le sublime – même si la portion est congrue:
Nous nous vîmes trois mille à manger sur un porc!
 
Rien qu'à évoquer ces tirades célèbres je sens comme une lourdeur d'estomac.
Heureusement j'ai un truc infaillible. Allez, je vous le donne:
un grand verre d'eau pour dissoudre trois lignes d'Alka- Sulitzer... Radical !
 
 

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