dimanche 10 mai 2015

Hugo ou Victor ?

Publié sur MilEtUne d'après la photo suivante

(Soupir hugolien)



“Et bien on va reprendre depuis le début!”
(Soupir hugolien)
“Nom, Prénoms?”
“Hugo... Victor”
“Recommençez pas à m'embrouiller! Le nom c'est Victor ou c'est Hugo?”
“Hugo, prénoms Victor, Marie”
“Marie? Avec un 'e' à la fin?”
“Oui, comme Marie Tudor”
“Peu importe que vous dormiez. C'est original mais admettons! Né où ça?”
“Dans le Doubs”
“Dans le doute on met quoi?”
“Dans le Doubs... Besançon, écrivez Besançon avec une cédille”
“Permettez que j'écrive Besançon avec mon stylo. Alors Besançon, là où sont nés les frères Lumière?”
“C'est ça”
“Comme ça au moins c'est clair... Profession?”
“Vous avez du temps?”
“Pourquoi ça?”
“Euh... ma profession c'est: Ecrivain-romancier-poète-dramaturge-pamphlétaire-dessinateur-sénat...”
“Oh Oh Oh Oh! Doucement! Combien de 'f' à panflétaire?”
“Mettez-en deux comme dans truffe”
“Et cette maison... Hauteville House... locataire je suppose?”
“Propriétaire en exil depuis 1856”
“Pffuii... vous avez pas l'air misérable pour un exilé”
(Soupir hugolien)
“Je n'ai pas à me plaindre. J'ai travaillé pour ça et puis je paie une redevance féodale de deux poules par an à la reine”
“Des poules, Monsieur Victor? J'ai effectivement entendu parler de ça... des poules pour un chaud lapin, n'est-ce pas?”
(Soupir hugolien)
“Sans l'amour l'homme n'existe guère.”
“C'est quoi en fait votre boulot à part exilé? Coureur de poules?”
“J'écris”
“Quoi par exemple?”
“Euh... les Châtiments”
“Les châtiments c'est notre affaire Monsieur Victor, chacun son métier. Quoi d'autre?”
“Et bien, les Contemplations”
“Les contemplations? Vous voulez dire les filatures, les planques... ça c'est aussi notre affaire Monsieur Victor, chacun son métier. Autre chose de plus personnel?”
“Vous avez du temps?”
“Pourquoi ça?”
“Parce que je fais des vers aussi”
“C'est pour ça que vous vous tenez la tête comme ça? Vous verrez ce problème avec le médecin-chef”
“Euh... non, des vers, de la poésie, enfin des alexandrins”
“Et ça raconte quoi par exemple?”
“Un exemple? C'est que j'ai déjà écrit cent cinquante mille vers... à peu près six par jour”
“En effet. Il faudra vous faire soigner Monsieur Victor. Et un peu de correspondance?”
“Ah oui, ça. Beaucoup de correspondance”


“Très beaucoup?”
“Environ vingt mille”
“Vingt mille mots?”
“Euh... Non, vingt mille lettres”
“Les mots et les lettres, c'est pas la même chose?”
“Pour un écrivain, non”
“J'étais sûr que vous alliez chercher à m'embrouiller! Venons-en aux faits: J'ai ici une plainte des descendants d'un dénommé Gavroche Thénardier dont vous auriez forcé le père à s'exiler aux Etats-Unis... vous-même exilé à Guernesey! Ca fait pas un peu beaucoup d'exilés tout ça, Monsieur Victor?”
“Euh... Hugo, pas Victor”
“Si vous voulez... Autre chose d'important Monsieur l'écrivain?”
“Oui quand même... Notre-Dame de Paris”
“Alors vous, vous êtes gonflé! Chacun sait que c'est Plamondon, Théophile Plamondon.
J'me souviens surtout du début, la scène paillarde de la fête des fous avec le prélat déguisé. Vous n'auriez pas pu écrire ça avec vos vers, Monsieur Victor”
(Soupir hugolien)
“Bon et bien on va s'arrêter là car c'est l'heure du thé... on reprendra tout ça plus tard, Monsieur Victor Marie avec un 'e' ”

Le gendarme sort, laissant le grand homme désemparé.
“Hé, Javert! Tu prendras la suite! Je sens que ça va être galère avec ce type!”








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire