lundi 18 avril 2016

”Quésaco ce bordello?”

Publié sur le site MilEtUne Histoires d'après le tableau de Vicente Romero Redondo




Condamnée par la méchante reine Regina-Pepperonia à coudre tous ses jupons pour ses cours de flamenco royal, la belle Manuela dite la belle de Cadix eut tôt fait d'aller quérir une machina de coser chez une vieille catalane qui tenait un dépôt-vente (de l'espagnol déposita-venta) de castagnettes, de tchic-atchic-atchic-aïe-aïe-aïe et de machines à coudre et à découdre en tous genres.
Voyant qu'elle n'y entravait que dalle en couture, la vieille lui prodigua ( de l'espagnol prodiguar) quelques conseils utiles pour une novice.
La belle Manuela fut dépitée d'apprendre qu'il n'existait pas de patron pour les jupons tant la coupe était simple; elle en aurait volontiers découpé un à défaut de découper sa patronne...

De retour au château, elle s'installe dans son fauteuil Manuela – celui en rotin immortalisé au cinématografico par Sylvia Christella – et se met au taf, cousant jupons bouffants, à volants, à dentelle et à j'en-passe-et-des-meilleurs... et vazy que j'te couds et vazy que j'te couds tant et si bien que la machina de coser en vrombit à faire trembler toutes les enceintes du château.
Et zig et zag... tire que te tire la navetta et la bobinette cherra (de l'espagnol cherra) ...
Dérangée pendant la siesta, la méchante reine Regina-Pepperonia déboule plus vite que son escorte de bras-cassés et surgit derrière la belle Manuela en s'écriant :”Quésaco ce bordello?”
Dans un geste qu'on ne voit que dans les contes, la belle Manuela met le petit doigt sur la couture en signe de respect et de soumission mais la machina s'est emballée et lui pique son joli petit doigt.
”Quésaco ce bordello?” se récrie la reine Regina-Pepperonia qui n'a pas eu la réponse à sa première question.
Les yeux baissés sur son affreux petit doigt sanguinolent, la belle Manuela répond :”Ôh marraine, ce n'est qu'une machine qui cousoit, du tulle qui fronçoit et mon petit doigt qui saignoit”
“Je ne suis pas ta marraine, espèce d'insolente au doigt sanguinolent!” re-recrie la reine Regina-Pepperonia qu'on appellera la reine R-P pour faire plus (corto) court.
“Ôh ma reine, je ne prétends pas être votre filleule” soupire la belle Manuela juste avant de choir dans les pommes.
“Ramassez-moi ces pommes sur-le-champ” ordonne la reine R-P qu'on appelle ainsi pour faire plus corto que Regina-Pepperonia à son escorte de bras-cassés “et portez-les chez les frères Grimmo pour leurs contes... il s'en trouvera bien une empoisonnée pour leur Blancanieves!”
Sitôt dit sitôt fait, l'escorte ramasse les pommes sur-le-champ et s'en retourne comme elle était venue mais avec les pommes en plus et sans la belle Manuela qui dort d'un profond sommeil qui durera cent ans...

Cien agnosses plus tard (pas facile d'écrire años sur un clavier françois)

La belle Manuela s'éveille tétanosée (de l'espagnol tétanos) et tétanisée... son petit doigt au sang coagulé (sangria en espagnol) lui dit qu'elle a dormi longtemps, ce que lui confirme la nouvelle reine Nabilla-Nonméalloquoi qu'on appellera Double N pour faire plus court.
Nonobstant le petit doigt tétanosé, Double N n'hésite pas à lui confier la réalisation de sa nouvelle collection de vêtements fun, jazzy et glamour (de l'espagnol glamour).
L'histoire se termine là car elles furent heureuses et eurent beaucoup de pesetas (de l'espagnol euros... ou le contraire)


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